Séance 11 du 11 Octobre
Article mis en ligne le 6 octobre 2019

Propositions pour la préparation de la séance 10 du 13 Septembre

Nous nous sommes quittés la dernière fois, sur la violente intervention de Sophar qui, embarqué dans la certitude que Dieu ne peut pas laisser les méchants s’en sortir indemne, promeut une image d’un Dieu Juge et bourreau et se démène pour expliquer que les faits lui donnent raison !
Nous nous sommes pourtant accordés, comme Job, sur le fait que la théorie avait des limites car elle vient butter simplement sur les faits qui sont têtus et sur l’expérience de chacun. Le méchant se porte généralement très bien ; merci pour lui. Nous avons vu également qu’ici Sophar n’a pas directement Job en ligne de mire. Son problème n’est pas Job mais la vision qu’il se fait de la justice divine et que l’histoire de Job vient mettre à mal. Il ne peut donc entrer en empathie avec Job, il ne peut recevoir son discours et entendre sa plainte, au risque de voir "ses certitudes ébranlées" a rappelé l’un d’entre nous.

Les chapitres 21 à 23

Nous allons maintenant entendre la réponse de Job, dans le chapitre 21. Comme nous l’avions anticipé, Job a bien compris le message subliminal... le verset 27 de ce chapitre est net : "Je sais bien quelles sont vos pensées, quels jugements iniques vous portez sur moi".

Au coeur de ce passage, on mesure comment l’idéologie sur Dieu prend le pas sur la compassion... cela ne sera pas la première fois et sans doute pas la dernière, que les discours sur Dieu abimeront et détruiront celui qui souffre. L’effet collatéral de la doctrine !

Mais, l’enjeu pour job n’est pas ce qu’il subit, mais le fait que son histoire, et les évènements qu’il subit, le renvoient à une justice de Dieu qu’il cherche à comprendre. Et il arrive lui à la conclusion contraire : juste, méchant, impies, tous finissent dans la tombe. Mais où est la justice de Dieu ? Quand à la justice des hommes : le méchant est épargné jusqu’au mausolé dans lequel on continue à l’honorer...

Nous poursuivrons donc dans la même séance le 3 cycle de dialogue.

Avec Eliphaz dans le chapitre 22, la recherche des explications se poursuit... le texte va de plus en plus fort. Eliphaz franchit un cap, en fait Dieu n’aurait rien à faire de la justice des hommes. "Qu’importe que tu sois juste aux yeux du tout puissant !!!! dit-il à Job. De mieux en mieux. L’attaque va se faire frontale cette fois ci. Mais pourtant les versets 21 et 30 du chapitre 22 ouvrent une thérapie qu’il faudra regarder de près.

On finira sur les quelques versets du chapitre 23, où Job nous confie qu’au bout du compte, il a maintenant peur de Dieu. "Dieu fait fondre mon cœur, le tout puissant me remplit d’effroi ? Pourquoi donc !!!!

Je ne reprends pas la méthode... que vous connaissez par coeur ! je vous laisse simplement quelques questions qu’on peut se poser en lisant ces passages. N’oubliez pas malgré tout de prendre le temps de laisser raisonner tel ou tel verset. Car, même si nous faisons collectivement un effort d’une lecture attentive verset à verset, il faut sans cesse se rendre disponible à l’Esprit qui, pas après pas, vient atteindre le lieu en nous où se construit notre relation intime et personnelle avec celui que le Christ nous invite à nommer Père.

Quelques pistes à creuser :

 Comme nous le savons maintenant, tous ces chapitres commencent pas un petit chapeau. Celui-ci est particulièrement profond. Entre l’écoute, la consolation, la parole, la moquerie, la stupeur et le silence... Mais à qui Job s’adresse-t-il finalement ? Voir la tournure du verset 4 et la conséquence au verset 6. Peut-on se moquer ? (A rapprocher du verset 34, le dernier verset du chapitre, ainsi que du verset 27 - attention il manque curieusement dans la version papier).
 Dans les versets 7-21, on observe un glissement s’opérer dans l’analyse de la situation. De qui Job parle-t-il ? Comparer les qualificatifs utilisés dans le verset 7 et le verset 17. Les versets 14-15 donne la clef de lecture. Peu convaincu par se glissement ? regardez alors comment le rédacteur mobilise le nom de Dieu tout au long de ces versets.
 Longue méditation à faire sur les versets 14-15 et la version utilitariste de la foi ! que nous sert-il de servir le Tout puissant ?
 Que cherche à montrer la structure des versets 23-26 ?
 Quelle opposition les verset 28-29 font-ils avec le verset 22 ? Job retourne l’interprétation que ses amis font de sa situation. Finalement que veut dire Job à ses amis ?

Dans le chapitre suivant (22) Eliphaz va sortir l’artillerie lourde en rendant explicite ce qui était implicite dans le dialogue précédent avec Sophar.

 Les versets introductifs sont déjà particulièrement saisissants si on veut bien rappeler le fondement de la foi d’Israël dans l’alliance sans cesse renouvelée que Dieu passe avec lui.
 Notez la perversité du verset 4 ! qui introduit une condamnation sans appel ! (notez également la nature du lien établi entre Job et les hommes d’iniquité Verset 11-16).
 Notez dans les versets 4 à 20 comment Eliphaz reproduit le schéma présenté par Job entre iniquité et impiété mais comment les versets 16 et 19 marquent une différence.
 Comment comprendre l’accusation d’Eliphaz qui vient en totale contradiction avec ce que l’on nous a présenté de Job jusqu’ici. Job solidaire d’un peuple rebelle ?
 Les versets 6-9 : des constructions en chiasme typiques : superbe.
 Le passage final 21-30 mérite d’être regardé de près, Quel texte.... ! N’y a-t-il pas un paradoxe à le trouver ici dans la bouche d’Eliphaz. Ironie ?
 Voilà que le dernier verset ouvre une toute nouvelle piste ! La théorie se lézarde.

Au chapitre 23, Job reprend la parole. Mais il semble ailleurs ? A qui parle-t-il ? De quoi parle-t-il ?

 le verset 2 introductif donne le ton... on retrouve le geste de la main marquant la volonté de se taire ?
 le verset 3 marque une nuance... arrêter de se plaindre pour faire quoi ? Quelle est sa conviction ?
 Les versets 8 et 9 et les suivants font entrer dans une prise de conscience celle de l’apparente absence de DIeu, un DIeu introuvable, mais aussi celle de sa toute proximité.
 Au verset 10, l’image de l’or évoqué par Eliphas du chapitre est reprise ici dans un tout autre sens !
 Le verset 15 ! n’est-il pas étonnant... Où est Job ? que vit-il ?

Voilà, il est temps de marquer une pose sur cette longue étape... Nous sommes dans le troisième cycle et nous voyons combien les choses s’accélèrent. IL n’est pas terminé, mais on a déjà la sentiment qu’on va passer à autre chose. Eliphaz dans la foulée de Sophar durcit le ton... On passe de la frustration de voir le "méchant" qui démontre qu’on peut vivre sans Dieu et trés bien s’en porter à la relation que chacun peut établir avec Dieu. On passe du drame de voir combien la théorie de la rétribution empêche de voir la souffrance à nue ; combien elle ajoute la cruauté au malheur, combien la bonne doctrine sur Dieu peut empêcher l’écoute et fausser le regard jusqu’à tordre la réalité et aller jusqu’à dresser des accusations infondées, à la relation intime et secrète que chacun peut tisser avec Dieu lui même. Le secret des coeurs.
On reste toutefois sur une question lancinante : Pourquoi Dieu en ne punissant pas l’impie discrédite-il le juste ? pourquoi permet-il cela ?

Au bout du compte et de ces versets, Job, ne cherche plus à contredire ses amis, il veut rencontrer le seul qui peut lui apporter la réponse, et le chapitre 23 nous montre qu’il va se déplacer, qu’il cherche à provoquer une rencontre, mais il nous dit même qu’il se trouble en Sa présence... l’aurait-il déjà trouvé ?
Dieu fait fondre mon coeur !
Job se met à nu, il se donne à voir, il insiste auprès de ses amis, r"egardez entrer dans un face à face avec moi", il nous fait entrer dans son intimité spirituelle, Il va donc se passer quelque chose c’est sûr.


Documents
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