Ainsi les feux qui détruisent deviennent par tes prières et tes créations la secrète l’irrésistible lumière de l’universelle résurrection.
Olivier Clément 2004
Une démarche particulière
L’iconographe livre dans son écriture une émotion, une expérience spirituelle qui témoigne d’une rencontre intime avec celle ou celui qu’il représente et qu’il souhaite partager. L’icône naît de cette relation, rend ainsi visible la réalité du Royaume au coeur du monde. Elle ouvre un espace pour une rencontre. Elle devient ainsi prière collective et communion. Ecrire le visage d’une des nôtres, si proche, ne laisse pas indifférent.
Avec Mère Marie, ce sont tous les cris d’une humanité qu’elle a soignée et accompagnée qui se font entendre.

Elisa Skobtsova (Mère Marie de Paris 1891-1945), dans ses écrits fulgurants, son expérience iconographique et monacale dans le monde, par son parcours hors du commun qui la mènera de l’engagement politique au coeur de la révolution russe à l’accueil à Paris des plus fragilisés, dans une maison qu’elle "habite" au sens fort du terme, nous rappelle que Dieu se laisse rencontrer dans l’autre et celui qui souffre. Le défi de la protection des juifs, qu’elle relèvera, la conduira au camp de Ravensbrück où elle portera jusqu’au bout de la nuit la fragilité de la tendresse, l’écoute, la disponibilité à l’autre, la foi radieuse dans la Résurrection, comme seule réponse à la barbarie.

S’engager dans l’écriture de l’icône d’une sainte contemporaine est un exercice délicat alors que son souvenir reste encore présent chez ceux et celles qui l’ont accompagnée, alors que des photographies sont disponibles.
On trouve sur internet plusieurs représentations iconographiques très diverses qui cherchent à saisir l’essentiel. Nous avons ici travaillé sur son seul visage en insistant sur son regard plein de compassion en s’inspirant de cette très belle photographie où toute la personnalité d’Elisa s’exprime avec tant de force. Il ne s’agit pas ici de faire un portrait, mais bien de saisir le feu qui l’anime, de laisser jaillir son intimité spirituelle pour qu’elle puisse saisir, encore, celui ou celle qui vient vers elle avec ce qu’il est comme elle a surpris par le passé ceux qui l’ont connue.
L’autre défi dans ce travail était de faire pressentir un sourire. Bien souvent on reproche aux icônes d’être austères et sévères. Comment faire en sorte que nous puissions saisir la joie intérieure, ce don que l’Esprit produit en nous, la joie qui nous transforme, et qui marque la présence de Dieu. Défi que le faire tout en restant dans les canons iconographiques, défi de l’oser pour Mère Marie alors qu’elle passa près de deux ans dans les camps de la mort. Le contraste entre le sombre de son habit de moniale et la luminosité intense de son visage veut renforcer l’impact de l’irruption d’un sourire et d’une présence aimante alors qu’on ne l’attend pas ou plus.
"Je ne veux pas être un souvenir, disait-elle, je serai pour vous un appel".
L’icône ne veut pas seulement faire mémoire, mais bien rendre présent.
Ecrire ce visage avec délicatesse, se mettre en sa présence, vivre un moment particulier de communion, se taire, partager ce qui l’a fait vivre, ce qui la fait vivre aujourd’hui. Se laisser bousculer. Beaucoup d’émotions en accueillant ce sourire qui nous invite à nous redresser.
N’hésitez à vous diriger vers ce site internet (Mère Marie) pour poursuivre cette rencontre.