Ayant déjà peint la Nativité je souhaitais peindre une icône pour "habiter" ce temps de l’Avent dans notre foyer et occasionnellement en paroisse. La Vierge du Signe s’est imposée. Une fresque de la Nativité encadrée par deux prophètes m’a suggéré de les représenter de la même façon sur cette icône, même si un public plus averti pourrait trouver leur présence superflue.
Pour moi c’était la traduction qu’en cet enfantement se concrétisait l’attente du peuple de Dieu. La réalisation d’une Promesse annoncée par les prophètes.
J’ai d’ailleurs découvert il y a peu que cette icône, dans l’iconostase, prend place au milieu des prophètes, petit clin d’œil à mon intuition.
Les mains largement ouvertes de Marie m’invite à lui confier ceux qui ont besoin d’être portés dans la prière, à déposer leurs fardeaux et à rendre grâce pour Celui qui est venu habiter chez nous pour mieux accompagner notre humanité souffrante et lui révéler ce Dieu si proche et si aimant.
Quelques notes d’un commentaire de Léonide Ouspensky [1] sur "Notre Dame du Signe" :
« L’icône du Signe est l’une des images de la Vierge les plus vénérées.
Les bras levés de la Mère de Dieu caractérise cette icône qui appartient au type de l’Orante, mais avec le Christ contre sa poitrine.
Ce geste des bras élevés dans la prière n’est pas spécifiquement chrétien. Il est connu tant dans l’Ancien Testament que dans le monde antique païen. Très répandu durant les 1ers siècles du christianisme, il n’est pas seulement signe de la prière, mais il en est la personnification dans l’image de l’Orante. On rencontre de telles images dans les fresques des catacombes romaines et sur le fond des vases sacrés qu’on y a trouvés.
Cette représentation de la Mère de Dieu Orante (sans enfant) est placée derrière l’autel dans les églises orthodoxe en tant que manifestation iconographique de l’Eglise personnifiée dans la Mère de Dieu qui a contenu en son sein Celui que rien ne peut contenir.
Dans les iconostases de l’Eglise orthodoxe, Notre Dame du Signe est placée au milieu de la rangée des prophètes, elle est ainsi l’icône centrale de l’Eglise vétérotestamentaire qui attend la Rédemption.
Les prophéties de l’Ancien Testament sur l’Incarnation de Dieu sont comme couronnées par celle d’Isaïe surnommé « le cinquième évangéliste » pour l’exactitude de ses paroles, prophétie qui n’est plus allégorique mais directe et claire :
« C’est pourquoi le Seigneur lui -même vous donnera un signe : voici, une vierge deviendra enceinte et enfantera un fils et il sera appelé Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). » (Is 7, 14).
L’image de la Mère de Dieu avec l’Emmanuel en son sein est précisément ce « Signe » annoncé par le prophète et manifesté au monde dans sa réalisation.
De là le nom de cette icône, image de l’incarnation, celle où se révèle le Fils de Dieu apparu dans son humanité, empruntée à sa mère. »
Cette icône fait référence aux prophéties d’Isaïe et de Michée dans l’ancien testament sur la venue du Messie, références que les évangélistes évoquent dans les récits de la Nativité.
Michée (5,1-4a) :" Et toi, Bethléem Éphrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, aux jours d’autrefois. Mais Dieu livrera son peuple jusqu’au jour où enfantera... celle qui doit enfanter, et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les fils d’Israël. Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom du Seigneur, son Dieu. Ils habiteront en sécurité, car désormais il sera grand jusqu’aux lointains de la terre, et lui-même, il sera la paix !
[1] Léonide Ouspensky (1902 - 1987) est un important théologien orthodoxe du XXe siècle, iconographe, restaurateur d’ icônes, et iconologue. Dans « le sens des icônes » éditions du Cerf.