Job assis sur le parvis de Notre Dame de Paris
Article mis en ligne le 7 avril 2019
dernière modification le 8 octobre 2023

Sur le parvis de Notre Dame de Paris, sur l’un des contreforts principal de la façade tout proche du portail central, on trouve cette iconographie courante au Moyen-Age ; voilà Job assis sur son tas de fumier, s’entretenant avec ses trois compagnons.
Le sculpteur a choisi ici de mettre la femme de Job au centre du débat virulent qui agite le groupe alors qu’elle n’apparaît que très brièvement dans les textes au tout début du récit. Mais n’a-t-elle pas tout perdu elle aussi ? Et n’est-ce pas elle qui ouvre le drame avec sa formule brève et radicale en le provoquant à mourir et à maudire Dieu.

Dans ce médaillon, Job est assis le regard tendu vers une réponse qu’il attend alors que son corps est rongé par les vers.

La scène est marquée par l’attitude contrastée de ses proches dont les mains traduisent de nombreuses postures intérieures. le sculpteur à travailler toute la dynamique de ces postures qui créent toute une agitation :
 ici une main qui ose toucher le corps de job un geste de compassion qui parle plus qu’un flot de paroles,
 là une autre qui vient à l’oreille du compagnon pour la boucher pour qu’il n’entende plus la violence des propos de job, d’autres diront plutôt qu’elle vient soutenir la tête de l’ami accablé par la situation, on ne sait pas trop ?
 là encore une autre main qui préoccupée par les odeurs, cherche à les chasser d’autres diront qu’elle vient sécher une larme, les deux en même temps ?,
 et là une autre qui s’arrange pour sauvegarder la propreté des habits, d’autres diront qu’elle retrousse les manches non pour protéger le tissus que pour dégager les bras afin de venir soigner les plaies purulentes, pourquoi pas ?
 Il y a encore celle qu’on ne voit pas : la main du quatrième qui se cache sous le manteau par peur de se salir ? d’autres imagineront qu’elle trace au contraire une croix sur le coeur en implorant grâce et pitié.

Face à la souffrance, l’ambiguïté des gestes et des paroles, tout le texte du livre de Job en témoigne ! triste moment où même la parole bienveillante qui cherche à prodiguer le réconfort est perçue comme une lame qui tranche et qui devient insupportable au point où chacun peut arriver à en préférer le silence. v. 16,6 : "Si je parle ma douleur n’est pas adoucie, et si je me tais en est-elle soulagée"

La place de ce médaillon au pied du Portail du Jugement dernier au centre de la façade de la cathédrale qui révèle le Christ des douleurs ressuscité n’est pas fortuit.

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